Cet essai sur le banco-centralisme part d’un schéma indiqué par Luniterre.
On peut agrandir l’image en cliquant dessus.
Pour bien comprendre, il faut savoir que "World GDP" désigne une évaluation du PIB mondial. Le PIB désigne la production de richesse. On peut constater qu’aujourd’hui le PIB est d’environ 100 000 milliards de dollars, tandis que la dette mondiale, de 300 000 milliards de dollars, est 3 fois plus élevée.
Cela signifie qu’aujourd’hui, la société emprunte 3 fois plus d’argent qu’elle produit de richesses.
Cette société prétend être "capitaliste". Ce sont les "capitalistes" qui empruntent de l’argent pour l’investir dans leurs entreprises en espèrant ainsi en tirer des bénéfices qui augmenteront leur capital de départ.
Mais, le schéma ci-dessus montre que globalement, aujourd’hui, l’ensemble des "capitalistes" doivent investir 300 000 milliards de dollars pour ne recueillir que 100 000 milliards de dollars de bénéfices.
Conclusion : en moyenne un "capitaliste" doit investir 3N pour recueillir N de bénéfice et avoir une dette de 2N. Ce n’est plus du capitalisme !
Je mets ci-dessous une explication pour le cas où elle serait nécessaire :
N désigne un certain nombre d’Euros. 3N désigne trois fois ce nombre et 2N, deux fois.
Les 3N sont empruntés en dernière analyse aux banques centrales.
Le "capitaliste" fait un bénéfice de N grâce aux 3N empruntés (et investis dans le but de faire un bénéfice).
Bien sûr, le "capitaliste" ne peut penser avoir fait un bénéfice de N qu’à la condition d’oublier totalement qu’il a fallu emprunter 3N pour le faire.
Le "capitaliste" ne peut rembourser que N. S’il le fait, il doit donc encore aux banques centrales 3N-N c’est-à-dire 2N.
Résultat : le "capitaliste" a augmenté sa dette globale de 2N. Il aurait mieux fait de rester couché ! Sauf… sauf si la banque ne lui demande pas de rembourser sa dette, auquel cas il a vraiment gagné N.
Remarquons déjà sur le schéma que depuis 1995 l’écart entre le PIB et la dette ne fait que s’accroitre de plus en plus énormément. Ce qui laisse peu d’espoir que la dette soit un jour remboursée.
Les banquiers centraux, à qui les "capitalistes" empruntent et doivent rembourser leurs dettes, sont devenus les grands maîtres du jeu. C’est l’esclavage par la dette. Le "capitaliste" n’est plus un capitaliste ; c’est un mendiant, et il ne le sait pas.
J’ai mis des guillemets seulement au mot "capitaliste". Mais, il faudrait en mettre presque à tous les mots importants. Je ne l’ai pas fait pour faciliter la lisibilité.
Par exemple, le bénéfice n’est plus un bénéfice puisque la dette est bien plus forte que le bénéfice obtenu grâce à elle. La dette n’est plus une dette puisqu’elle ne sera jamais remboursée, elle sert seulement à rendre esclave.
Bref, le banco-centralisme utilise le vocabulaire du capitalisme pour qu’on ne se rende pas compte qu’on n’est plus du tout en système capitaliste. Cependant, il y a eu une rupture nette, un "saut qualitatif" comme dirait Karl Marx.
Mais, me direz-vous comment font les banques pour pouvoir accepter que les "capitalistes" ne remboursent pas leurs dettes ?
C’est parce qu’en fait, bientôt, l’argent n’aura plus que le sens que les banques centrales voudront lui donner.
En effet, le prix d’une marchandise est égal au temps de travail humain nécessaire à sa production. La plus-value est la différence entre ce prix, et le prix qu’est payé le travail humain par le capitaliste.
Avec les progrès scientifiques et techniques, les travailleurs humains sont de plus en plus remplacés par des machines. Ce qui produit une "baisse tendancielle du taux de profit"
Comme bientôt toutes lignes de production existeront sans aucun travailleur (humain), la plus-value disparaitra complètement. Donc, l’argent devrait disparaître avec elle ainsi que la division de la société en classes.
Seuls les grands-maîtres de la monnaie (les banco-centralistes, ceux à qui appartiennent les banques centrales) peuvent conserver le pouvoir à condition de rendre artificiellement indispensable l’utilisation de l’argent.
À l’époque où Marx invente le concept de "baisse tendancielle du taux de profit", et encore longtemps après, le capitaliste emprunte N à la banque et fait un bénéfice de 2N. Il peut donc rembourser le N qu’il avait emprunté, il lui reste un bénéfice bien réel de N. Il est gagnant. Il n’est pas un mendiant, mais un capitaliste.
Avec la baisse tendancielle du taux de profit, le bénéfice devient de plus en plus petit, mais le capitaliste peut encore rembourser sa dette et garder un peu de fric pour lui.
Marx pensait que quand le bénéfice deviendrait tout à fait nul, le capitalisme s’éteindrait de lui-même et ce serait la révolution. Mais ce n’est pas le cas. Au lieu de ça, le capitalisme a muté en banco-centralisme.
On peut se demander pourquoi.
Je songe à une maladie mentale très grave de nos maîtres. Ils éprouvent le besoin de rester nos maîtres alors qu’il n’y a plus besoin de maîtres, ni du point de vue de l’histoire, ni de leur point de vue à eux personnellement.
Après coup, on peut se dire que l’importance de cette maladie était prévisible, et que pourtant on ne l’avait pas prévu. On avait plutôt prévu la révolution. Je pense qu’elle viendra plus tard, quand tout ce monde aura guéri, ou quand on les aura mis l’asile… s’il n’y a pas la fin de l’humanité avant…
Faut se dépêcher…
Car les robots ne nous pardonneront pas !
Références :
1. Le banco-centralisme est déjà le stade post-mortem du capitalisme et de l’impérialisme :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article14895
2. Banco-centralisme - La dette, de Giscard à Liz Truss :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article12712
3. Le banco-centralisme :
http://mai68.org/spip2/spip.php?article9492
4. La grande réinitialisation - Le grand remplacement - Quand les robots extermineront-ils les humains sur Terre ?