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En Avant, Marx!
24 juillet 2023

Une thèse sur les raisons de l’effondrement de l’Union soviétique – Extrait du débat

 

 

 

 

 

https://production-livingdocs-bluewin-ch.imgix.net/2018/5/5/b2656fdc-22f2-4324-bbaa-d9e23c96df42.jpeg?w=1024&auto=format

 

 

 

 

Une thèse sur les raisons de l’effondrement de l’Union soviétique

 

 

Extrait du débat

http://mai68.org/spip2/spip.php?article15903

 

 

 

24 juillet 09:46, par roaringriri

Modeste proposition d’explication de la fin du socialisme soviétique.

La fin de l’URSS c’est la fin des illusions marxistes, sur le « stade intermédiaire », sensé nous conduire au communisme.
Quand Marx s’oppose à l’anarchisme, il le fait en récusant sa faiblesse théorique, son incapacité organisationnelle et son impatience politique.
L’Anarchisme propose d’établir le Communisme, par le collectivisme, puis par le communisme, alors que le Marx devenu militant, voit dans l’avenir dans le Socialisme, c’est à dire rien de moins, et malheureusement, pratiquement, rien de plus, que la domestication par la « politique », de la rapacité capitaliste au service des travailleurs.
En perdant son idéalisme de jeunesse, au contact de Proudhon, Marx se convainc que pour pouvoir distribuer, il faut sortir des pénuries généralisées, et qu’un développement important des « forces productives » est nécessaire.
Il fabrique ainsi, le mythe de la nécessité d’une bourgeoisie efficace, dont les travailleurs finiront par récupérer l’énergie et les compétences.
Et au bout de ce processus, l’URSS est la preuve qu’il a eu tort d’avoir raison.
L’URSS a prouvé que le Capitalisme d’Etat, était parfaitement capable de développer un outil de production, capable d’imposer un partage plus égalitaire des pénuries, et en même temps, incapable de dépasser ce stade, et a fortiori de profiter idéologiquement de la possibilité d’abondance productive.
L’Avant Garde a fini par se dire qu’elle n’était pas assez considérée et payée.
Et que la seule façon d’améliorer son sort était de rétablir l’inégalité.
Le Fauve Capitaliste a dompté ses dompteurs.
Le Communisme, n’est pas l’aboutissement du Socialisme.

 

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Une réponse proposée par Luniterre :

Bonjour, camarade roaringriri !

Il y a, dans votre post, un effort de réflexion que l’on ne rencontre plus que très rarement, ces temps-ci, et que ce soit en période de villégiature estivale ou non…

A ce titre, déjà, il mérite donc que l’on s’y arrête et que l’on essaye de voir ce qu’il apporte et ses limites éventuelles.

Le thème général semble donc être que Marx aurait en quelque sorte abandonné des « illusions de jeunesse » pour une éventuelle efficacité pragmatique.

On ne sait néanmoins pas quel est votre âge, pour parler ainsi des « illusions de jeunesse »… Le fait est que l’on en a tous plus ou moins eu, et sans doute de toutes sortes, même après Mai 68, dont aucune « tendance idéologique » particulière n’est nettement ressortie comme « avant-garde », même formelle, ni même, encore moins, comme perspective d’alternative unificatrice de suffisamment de forces pour peser réellement sur le cours de l’histoire.

Après Mai 68, comme à l’époque du « jeune Marx », tout comme, certainement, à notre époque, les « illusions de jeunesse » sont donc bien, d’abord et avant tout, des illusions !

Aussi bien intentionnées soient-elles !

Donc Marx, lucidement revenu des « illusions de jeunesse » de son temps, a simplement poursuivi une étude approfondie du développement des forces productives et de l’évolution consécutive des rapports de production et des rapports sociaux. Il n’a donc en rien « fabriqué ainsi, le mythe de la nécessité d’une bourgeoisie efficace, dont les travailleurs finiront par récupérer l’énergie et les compétences. »

Durant la période de la « révolution industrielle » qui est celle durant laquelle Marx écrit l’essentiel de son œuvre, la nouvelle bourgeoisie capitaliste industrielle fait réellement preuve d’ingéniosité, d’inventivité et d’efficacité, même si avec le cynisme qui lui est propre, en tant que classe dominante.

Si l’on reprend l’histoire de l’URSS à ses débuts, il faut déjà simplement considérer que sans la constitution rapide d’une Armée Rouge dotée d’une efficacité dans la logistique et l’organisation, la question de la suite ne se poserait tout simplement pas, y incluant donc le présent échange !

Au cours de l’histoire humaine, il y a bien quelques exemples de « communisme primitif » qui tentèrent de survivre sans particulièrement développer les forces productives, dont la Révolte des Taiping, en Chine, est un exemple assez caractéristique.

Dans le contexte de la Russie post-guerre « civile », complètement ravagée, en termes de forces productives, un tel type de tentative aurait, à l’évidence, encore eu beaucoup moins de chance de durer, ouvrant simplement la porte à une reconquête impérialiste sanguinaire et rapide.

Dans ce cas encore, invalidation de votre hypothèse.

Et lorsque l’on parle de « guerre civile » après la Révolution d’Octobre, il ne faut jamais oublier que l’on parle déjà essentiellement d’une guerre d’intervention impérialiste, sans laquelle les armées blanches auraient été balayées beaucoup plus rapidement, et donc avec moins de ravages concernant également les forces productives.

Reconstituer ces forces était donc déjà une nécessité en termes de Résistance militaire à la pression impérialiste occidentale, et en ce sens, les choses n’ont pas tellement changé, par rapport au contexte actuel.

Avant même d’exister en tant qu’Etat socialiste, la Russie et l’URSS avaient besoin de survivre en tant que nation indépendante.

Concernant les voies du développement économique et social, il y a eu moult débats, y compris jusqu’à la fin de la période dite « stalinienne », et notamment, à l’occasion du XIXe et dernier Congrès du Parti Bolchévik, devenant le PCUS à cette occasion, juste avant de tomber sous le contrôle complet de la bureaucratie khrouchtchévienne :

 

 

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/05/17/marx-200-ans-quelle-signification-de-son-detour-russe/

 

 

 

La question du « capitalisme d’Etat » a été évoquée dès les débuts de l’URSS, et par Lénine lui-même, comme l’une des parties intégrantes de la NEP, mais parmi d’autres, et résumer l’histoire économique de l’URSS à « capitalisme d’Etat » est un raccourci en réalité non-historique : des formes de capitalisme d’Etat, voulues ou non, ont donc émergé à plusieurs reprises, sans pour autant que cela résume aucune des phases de l’histoire économique de l’URSS.

Et outre la problématique du choix de telle ou telle politique de développement, suite à la guerre « civile », il faut donc d’abord tenir compte que pour simplement survivre en tant que nation, l’URSS devait consacrer une part importante de sa production à la constitution d’une force armée capable de résister à une éventuelle et même probable agression…

C’est évidemment ce que la suite a montré, et que l’on veut nous faire oublier :

Sans le développement industriel stalinien des années 30, pas de victoire possible face au nazisme, et là aussi, invalidation de cet aspect de votre théorie, donc !

Maintenant, que ce processus entraîne la formation d’une bureaucratie, qu’elle soit d’ « avant-garde » ou non, c’est malheureusement une réalité, et une problématique qui n’a effectivement pas trouvé de solution.

Le fait est donc que cette bureaucratie a généré une classe parasite qui s’est finalement muée en un nouvel avatar de la bourgeoisie, sous sa forme khrouchtchévienne, avec les conséquences telles que résumées dans l’article ci-dessus et d’autres.

(Le terme de capitalisme national-bureaucratique, qui comprend des formes de capitalisme d’Etat et bien d’autres formes de capitalisme bureaucratique, en URSS comme dans les économies émergentes des années 60-80, me paraît être la meilleure définition de la nature de classe d’un tel type d’Etat-nation, jusqu’à sa dégénérescence comprador complète, sous Gorbatchev et Eltsine, comme cela avait été le cas en Chine, avec la « transition » Mao-Deng Xiaoping. )

Ce que montre l’expérience de la Russie nationale bourgeoise d’aujourd’hui c’est que la bureaucratie reste une plaie à toutes les époques, avec son cortège de luttes claniques et de corruption, et qui tend à saper, volontairement ou non, la capacité de Résistance du pays.

Poser la question d’une alternative au système de domination de classe qui permette de ne pas retomber dans l’ornière de la bureaucratie, c’est, au fond, la seule question encore actuelle de votre tentative d’explication de la chute de l’URSS.

Cela semble être en quelque sorte la quadrature du cercle, mais pour en sortir il faut donc d’abord considérer que si la bureaucratie est un phénomène récurrent de toutes les sociétés humaines, il se reproduit néanmoins dans des conditions économiques et sociales très différentes selon les époques et le stade de développement de leurs forces productives.

Marx écrivait donc quasiment au début de l’un des cycles de développement les plus importants de l’histoire économique de l’humanité. Dès les Grundrisse, en 1857, il établissait dans ses notes une prospective de ce qui lui semblait devoir être l’ensemble de ce cycle, au vu de ses prémisses, qu’il observait au quotidien.

Aujourd’hui il apparaît à l’observateur attentif que nous sommes bel et bien arrivés à l’autre bout de ce cycle, même s’il n’a pas permis, contrairement à ce que Marx espérait, la construction d’une alternative au système de domination de classe.

Est-ce que le nouveau cycle qui s’ouvre, basé sur le banco-centralisme, permettra la construction d’une nouvelle alternative, rejetant donc à la fois le banco-centralisme et la bureaucratie, c’est la question intelligente qu’il faut désormais poser.

A priori la réponse est encore bien moins évidente que celles qui paraissaient possibles du temps de Marx et, par la suite, au XXe siècle, mais du moins faut-il commencer par poser la question !

On ne le répétera jamais assez, avec le camarade Do :

« Pour que tous ces malheurs n’arrivent pas, il faudrait que le nouveau prolétariat devienne très très vite très très intelligent. » !!!(*)

Luniterre

 

(*http://mai68.org/spip2/spip.php?article15885#forum12951) 

 

 

 

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